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Bien chers amis,
Nos Lettres d’informations, depuis un an maintenant, ne peuvent que constater à chaque livraison, la mise en sommeil des associations, en raison de la crise sanitaire. En ce qui nous concerne, nous avons pu organiser une conférence et une sortie lors de l’éclaircie du début de l’automne. Nous avons aussi pu mener à bien la publication du volume LXIII de nos Cahiers, dans une version toutefois moins fournie que d’habitude, certains auteurs ayant dû renoncer à leur contribution en raison de diverses difficultés, dont l’accès à la documentation primaire. Enfin, le déménagement de nos bureaux dans l’ancien hôtel des Joham de Mundolsheim, au 15 rue des Juifs à Strasbourg s’est achevé in extremis avant le retour du confinement. Mais pour le reste, tout est en sommeil. Le cycle des conférences a été entièrement annulé, le Musée d’Art Moderne et Contemporain qui nous accueille désormais dans ses locaux, étant lui-même fermé au public. Pour le cycle des sorties, qui devait reprendre en mars, nous espérons au mieux pouvoir en organiser celles de l’extrême fin du printemps. Nos réunions de bureau sont réduites à leur strict minimum, suivant en cela le repli de l’actualité patrimoniale. Nous pensons pouvoir organiser notre assemblée générale annuelle, en principe désormais fixée au samedi 27 mars à Strasbourg, dans nos nouveaux bureaux, mais il n’est pas impossible que nous ayons à l’organiser en visioconférence, comme tant d’autres de sociétés amies.
Dans ce contexte, ainsi qu’il a été dit, les dossiers liés au patrimoine ne sont certes pas la priorité, mais pour certains, ils n’en ont toutefois pas quitté le premier plan de l’actualité. On peut récapituler rapidement l’évolution des dossiers déjà en cours lors des livraisons précédentes de la Lettre d’information. En premier lieu, le laminoir de Framont, dans la vallée de la Bruche a été démoli début octobre: les propriétaires du site ont finalement rejeté notre proposition de conservation des éléments les plus viables, pouvant devenir le siège d’un projet de valorisation de l’histoire industrielle de la vallée.
De même, la maison du XVIIe siècle de Geudertheim a été démolie pour laisser place à une nouvelle école, alors même que diverses propositions de conservation avaient été faites par l’Association de Sauvegarde de la Maison Alsacienne (ASMA) de déplacement ou d’intégration dans le projet public. Cette démolition a été fortement dénoncée dans la presse, tant par les associations que par des courriers de lecteurs, avec, en point d’orgue une lettre ouverte de Stéphane Bern s’offusquant de cet acte de vandalisme. Cette dernière prise de position a elle-même été dénoncée par les parlementaires alsaciens, stigmatisant des propos violents à l’égard d'un élu de la République.
D’autres dossiers, en revanche, ont évolué de façon plus positive. Le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI) du Kochersberg a pu finalement être amendé, le conseil communautaire demandant à l’ensemble des communes membres d’établir une liste des maisons et éléments du patrimoine à préserver, contrairement à sa première décision qui ne l’y obligeait pas, mais contraire au règlement du PLUI lui-même.
Enfin, la saga du Dinghof à Schiltigheim a pris désormais une tournure correspondant aux vœux des riverains et des associations locales. La municipalité a engagé il y a quelques semaines déjà la restauration physique du bâtiment; elle vient d’obtenir la rétrocession du terrain à bâtir de la part du promoteur, ouvrant donc la voie aux projets de verger et autres mises en valeur patrimoniales. Il a fallu trois ans et un changement de majorité municipale pour que les promesses électorales soient enfin honorées.
De l'ensemble de ces dossiers, nous pouvons tirer des enseignements sur le devenir de notre patrimoine rural. On observe partout une saignée dans le tissu des maisons et édifices anciens dans les villages autour de nous. Dans beaucoup de cas, il s’agit d’anciennes fermes dont la vocation agricole s’est tarie avec le départ à la retraite de leurs acteurs; et elles entrent aujourd’hui dans le circuit de la transmission foncière en raison du décès de ces retraités. Entre temps, dans certains cas, les granges et bâtiments d’exploitation avaient déjà pu être aliénés, pour la construction de maisons individuelles ou le réaménagement en logements collectifs. Aujourd’hui, ce sont les logis eux-mêmes qui commencent à être rasés en masse, pour laisser place, cette fois, à des immeubles collectifs. Cette tendance accompagne l’urbanisation des espaces libres, interstitiels, des prés, jardins, vergers qui complétaient nécessairement la vie à la campagne. Déjà, à partir des années 1970, les abords des villages avaient été soumis à la pression des lotissements. Désormais, c’est le cœur des villages qui est atteint. Le processus à l’œuvre est guidé par les besoins de logements aux alentours des centres urbains, cette pression étant de ce fait inversement proportionnelle à la distance entre villes et villages.
Avec ce processus est aussi transposé à la campagne le mode d’habitat urbain, ses immeubles à toit plat, ses fenêtres sans volets, ses parkings souterrains et de surface, son absence de cours. Ces nouveaux habitants cherchent à s’éloigner du bruit et de la pollution de la ville, à réduire le coût de leur investissement et/où à disposer d’espaces plus confortables. Cette rurbanisation est soutenue par un fort réseau de sociétés immobilières qui profitent de plus-values imposantes entre achat des bâtiments anciens et mètres carrés construits. Il n’est pas certain que tous ces néo-ruraux y trouvent leur compte: les logements ne sont pas toujours aussi spacieux ou orientés comme il faudrait; s’y ajoutent les tracas des transports au quotidien vers le centre urbain; les équipements collectifs sont parfois absents sur place; le chant du coq et le son des cloches apparaissent à certains comme un réveil-matin intolérable. Mais peu importe, le processus de construction des villes à la campagne, selon le bon mot attribué à Alphonse Allais, est à l’œuvre.
Dans les villes un processus similaire a existé dans les années 1960-70, menaçant une identité forgée au travers de siècles d’apports divers, caractérisée par une multitude de styles, mêlant des bâtiments beaux en soi à des ensembles de simple qualité fonctionnelle. Les mesures de protection élaborées alors, comme les secteurs sauvegardés, adossés à des classements et inscriptions au titre des monuments historiques plus ponctuels, ont permis de préserver le squelette de cette histoire urbaine tout en autorisant une adaptation aux besoins renouvelés de la société de la fin du XXe siècle. Alors que beaucoup de ces maisons paraissaient pourries, inadaptées, inconfortables, leur cure de jouvence en a fait le cœur historique de nos villes auquel une majorité de ses habitants est aujourd'hui attachée.
Hélas, nos campagnes ne suscitent pas un tel engouement de la part des décideurs actuellement. La qualité réelle des bâtiments n’est ici pas en cause. La plupart sont en bon état. Certaines fermes ont des volumes dignes d’une cathédrale; d’autres ont des poteaux sculptés, des galeries ouvragées, des cours ombragées où il fait bon supporter les chaleurs de l’été. Quant aux intérieurs, ils sont parfaitement adaptables aux besoins d’habitabilité actuels, la maison à colombages et torchis répondant bien aux normes de l’éco-construction, les granges permettant de décliner diverses fonctions, du garage-atelier aux logements spacieux.
Au-delà du besoin -légitime- des habitants souhaitant accéder à des logements décents et en rapport avec leur capacité d’investissement, il importe de cerner les mécanismes à l’œuvre pour bien comprendre pourquoi et comment on détruit le cœur de nos villages pour des bâtisses qui le plus souvent n’ont rien du charme des édifices à pan de bois.
On accuse les maisons des mêmes maux qu’en ville en 1970, soit leur dégradation et inadaptation aux besoins actuels, avec en plus un fort différentiel de coût pour leur réhabilitation par rapport au neuf. La maison de Geudertheim est ici exemplaire, puisque l’analyse archéologique menée sur les élévations avait conclu à un état sain, ce qui n’a pas empêché le Maire d’en dénoncer un délabrement incompatible avec sa préservation. Mais de fait, la réalité est plus prosaïque. Les propriétaires bénéficient de belles recettes à la vente des terrains, les municipalités qui autorisent les constructions augmentent à terme les recettes fiscales de par le développement mécanique de la population. Il n’y a malheureusement pas de régulateur dans ce que notre ami Georges Bischoff appelle une déforestation, en évoquant les maisons à colombage, du même ordre que l’érosion de notre biodiversité.
Depuis que la loi, il y a une dizaine d’années, a transféré aux Maires l’attribution des permis de construire sans instruction a priori par les Directions départementales de l’équipement, les municipalités sont les seuls maîtres à bord en termes de choix urbanistiques. Mais alors que dans les villes, les finances et les équipes techniques assurent des perspectives collectives en appui des choix politiques des municipalités, ici, les Maires sont bien seuls face à la pression des demandes de logements et de leurs retombées économiques et fiscales. Dans beaucoup de cas, certes, les services de l’État conservent un droit de regard sur l’évolution du bâti dès lors que les villages disposent au moins d’un édifice protégé au titre des Monuments Historiques, comme une église, un château, une demeure bourgeoise. Mais du fait du manque de moyens techniques et humains, ces services aujourd'hui sont bien en peine d’assurer le travail nécessaire à la préservation des espaces du périmètre protégé. On peut même dire que l’argument économique du besoin en logements déjà évoqué mais aussi la nécessité de donner du travail aux entreprises pour combattre le chômage, guide de façon avouée ou non l’application des règles de la gestion patrimoniale. Il est difficile de savoir combien de fois les Préfets ont suivi les demandes des promoteurs (publics et privés) au détriment des prescriptions de leurs services patrimoniaux. Le cas du "tribunal" de Lutter, évoqué dans notre précédente Lettre, soit l’attribution d’un permis de construire modificatif stipulant que les travaux réalisés ne sont pas conformes aux règles de protection du patrimoine, en est un indice édifiant.
Dans tous les cas, ce qui semble manquer c’est une prise de conscience de la nécessité d’approches globales pour contrer les décisions ponctuelles qui, au total, sont une catastrophe pour le maintien de la cohérence des structures du cœur de nos villages. Il faudrait s’engager sur une voie similaire à celle des secteurs sauvegardés urbains. Bien sûr, l’objectif n'est pas de tout garder mais plutôt de ne pas détruire ce qui a un intérêt patrimonial et qui contribue à la qualité de vie de ces espaces ruraux. La documentation primaire existe: elle a été réunie par le service de l’Inventaire au cours des 30 ou 40 ans qui ont suivi leur création par André Malraux, dont les chercheurs, comme chacun sait, ont arpenté de long en large nos villages pour photographier, relever, décrire. Pour beaucoup, ces dossiers dorment aujourd'hui dans les beaux "classeurs verts" du service, sans avoir débouché, par exemple, sur des zonages patrimoniaux. Je n’ai jamais compris, soit dit en passant, pourquoi cet immense effort d’acquisition de connaissances, n’avait pas été d’emblée adossé à des prises de décision en termes de préservation, hors dossiers ponctuels. Il n’est pas trop tard pour réactiver cette masse d’informations, bien que les acteurs de l’Inventaire d’alors ne sont plus ceux d'aujourd'hui, ce qui nécessiterait un certain temps de remise en train, sans compter le pointage de ce qui a disparu depuis. Par ailleurs, pour la mise en œuvre des préservations ciblées ou globales, nous avons déjà au moins un outil que sont les plans locaux d'urbanisme (PLU), ou, encore mieux, les PLUI comme celui évoqué plus haut mis en œuvre dans la cadre de la Communauté de Communes du Kochersberg.
Ce qui est certain, c'est qu’il est urgent d’agir.
Un carnet de croquis ayant appartenu au chanoine Gustave Keller (1838-1910) livre un petit ensemble de dessins inédits de châteaux, réalisés au cours de ses promenades dans les Vosges du Nord ou autour du Mont Sainte-Odile. Au-delà de leur intérêt documentaire, ces dessins – simples croquis ou dessins en pleine page – témoignent non seulement de la place privilégiée des châteaux médiévaux dans l’imaginaire régional, mais aussi du développement des excursions dans les Vosges au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.
Qui est Gustave Keller ?
Né en 1838, Gustave Keller s’engage dans la carrière ecclésiastique. Ordonné à Paris en 1862, il devient chanoine titulaire en 1893. Le 25 août 1903, il est nommé Supérieur du Grand Séminaire et la distinction de protonotaire apostolique lui donne le droit de porter le titre envié de Monseigneur. Il porte durant toute sa vie un grand intérêt au patrimoine régional et devient, avec le chanoine Alexandre Straub, l’un des maîtres d’œuvre de la « résurrection » de l’Hortus deliciarum, un manuscrit enluminé du XIIe siècle détruit dans l’incendie de la Bibliothèque de Strasbourg dans la nuit du 24 août 1870. La collecte des documents trouve son épilogue dans la publication, en 1899, des nombreuses copies et études des dessins retrouvés pour laquelle G. Keller a mis tout son talent de dessinateur et de miniaturiste au service de cette patiente reconstitution des planches du célèbre manuscrit. Il prend la succession du chanoine Léon Dacheux à la tête de la Société pour la conservation des monuments historiques après l’assemblée générale du 27 juin 1900 et en sera le président jusqu’à son décès en 1910.
Des dessins de châteaux inédits
Un premier dessin remonte à juillet 1878 et représente l’Ochsenstein. Un séjour dans les Vosges du Nord en été 1889 a conduit G. Keller au Wasigenstein, au Lutzelhardt, à l’Arnsberg et au Schoeneck. Un dessin du Hohenfels est daté du 1er février 1891. Des châteaux du secteur du Mont Sainte-Odile sont à l’honneur en 1898 : Dreistein, Hagelschloss, Birkenfels. Bien qu’ils n’apportent rien de spectaculaire, ces dessins permettent de compléter modestement le corpus des représentations de châteaux forts alsaciens et révèlent l’attrait exercé par les ruines vosgiennes sur les randonneurs de la fin du XIXe siècle. Leur représentation ne répond pas à un but scientifique, comme pour les dessins d’architecture, mais au plaisir de croquer d’un trait rapide des éléments marquants du paysage. Favorisée par le développement des lignes de chemin de fer jusque dans les vallées les plus reculées, l’excursion dominicale ou estivale devient un loisir très prisé dès le milieu du XIXe siècle. Le caractère pittoresque de ces dessins est renforcé par la présence d’animaux ou de petits personnages, croqués sur le vif et qui contribuent à animer les lieux et à donner vie et spontanéité à des croquis saisis sur le vif. Le chanoine Keller s’est peut-être même représenté lui-même au pied d’une monumentale barre rocheuse où la petite taille d’un personnage en costume ecclésiastique fait ressortir davantage encore la puissance de la nature et la fragilité de l’homme face à un paysage grandiose.
Ill. 1 G. Keller : Arnsberg (© Bibliothèque du Grand Séminaire)
Ill. 2 G. Keller : Schoeneck et Hohenfels (© Bibliothèque du Grand Séminaire)
Ill. 3 G. Keller : la grande arche du Hagelschloss, 6 juillet 1898 (© Bibliothèque du Grand Séminaire)
Ill. 4 G Keller : paysage animé avec le Wasigenstein en toile de fond (© Bibliothèque du Grand Séminaire)
Ill. 5 G. Keller : paysage avec représentation d’un ecclésiastique (© Bibliothèque du Grand Séminaire)
La Ville d’Ensisheim a mené en 2018-2019 la remise aux normes et l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite de l’édifice dit la Régence, bâtiment classé parmi les monuments historiques en totalité (Cl. MH : 6 décembre 1898, Cl. MH : JO : 16 février 1930).
Le Palais de la Régence est un grand édifice de style Renaissance, classé parmi les Monuments historiques, situé au cœur de la petite ville d’Ensisheim qui constituait à partir de 1341 la capitale des États autrichiens, dits de l’« Autriche Antérieure ». En 1506, l’empereur Maximilien d’Autriche y a créé un organe de gouvernement et d’administration de justice, appelé la Régence. La construction d’un édifice spécifique pour abriter la nouvelle institution est décidée dès 1532, mais ne prit forme que trois ans plus tard en raison du délai nécessaire à la collecte des fonds. Construit entre 1535 et 1547, le palais de la Régence est un édifice emblématique de la Renaissance alsacienne, qui renouvelle pour son époque la vision du bâtiment administratif tout en recourant en partie au nouveau vocabulaire stylistique des temps modernes. La construction est confiée à Stephan Gadinner, maître d’œuvre, et Henri Hermann, maçon, actifs à la même époque à la maison Pfister à Colmar, tous deux formés par le maître d’œuvre bâlois Rémy Faesch sur le chantier de la collégiale de Thann.
Influencé par le Koïfhus de Colmar et l’hôtel de Ville de Bâle, le bâtiment est composé de deux ailes en équerre et comporte un grand escalier hélicoïdal à demi hors-œuvre à leur intersection intérieure, constituant en quelque sorte la synthèse entre tradition gothique et innovation de la Renaissance. L’aile principale établie entre la Grand’rue et la place du Bourg est occupée au rez-de-chaussée par une halle au couvrement flamboyant retombant sur deux colonnes, l’une d’elle concentrant un décor d’inspiration Renaissance. Tout le premier étage est occupé par la grande salle de « gouvernement », appelée Salle de la Régence, ornée de colonnes demi-engagées illustrant le nouveau style. L’aile en retour, pourvue d’une cave, d’un rez-de-chaussée en partie surélevé et d’un étage carré, abritait des salles hautes de plafond servant aux différentes fonctions administratives du siège. Une salle située au point de rencontre des deux ailes s’ouvrait sur la rue principale par une porte cochère. Couverte d’un plafond en plancher porté par de grandes colonnes en bois, elle a été recoupée à lors de transformations successives de l’édifice. L’une des pièces maîtresses du bâtiment est constituée par le large escalier monumental qui réunit la place à la grande salle et masque en partie l’articulation des ailes. C’est un escalier hélicoïdal à noyau vide, couvert par une voûte en résille de style gothique tardif. Il s’ouvre sur la place par un portail sculpté, orné de balustres et d’un fronton Renaissance. On notera aussi le grand portail intérieur permettant l’accès à la grande salle au premier étage.
Désaffecté au cours de la guerre de Trente Ans, l’administration autrichienne quittant l’Alsace pour des lieux plus sûrs, l’édifice fut transformé en caserne en 1636, puis rénové en 1658 pour accueillir le Conseil Souverain d’Alsace présidé par Colbert de Croissy, institution française créée par Louis XIV pour administrer les territoires autrichiens rattachés au royaume de France par le Traité de Westphalie (1648). Après le départ de cette institution, transférée en 1681 à Brisach (Alt-Breisach), puis à Colmar en 1698 à la suite du Traité de Nimègue, le bâtiment est cédé à la ville d’Ensisheim et retrouve une nouvelle affectation administrative, assurant de 1701 à 1958 la fonction d’hôtel de ville. Les transformations opérées suite à ces réaffectations successives, qui ont affecté essentiellement l’intérieur de l’édifice, sont mal connues. Demeurent inchangées les façades marquées par des bandeaux et des corniches saillantes de Renaissance rhénane, un style resté sans postérité.